David Hockney à la Fondation Louis Vuitton

Du 9 avril au 31 août 2025

Vue d'installation de l'exposition David Hockney 25 à la Fondation Louis Vuitton, galerie 5, niveau 1, salle Quatre ans en Normandie (2019-2023), © David Hockney © Fondation Louis Vuitton / Marc Domage

Pour sa grande exposition du printemps 2025, la Fondation Louis Vuitton consacre ses galeries à l’un des artistes vivants les plus célèbres : David Hockney (né en 1937). Intitulée Do remember, they can’t cancel the spring (N'oublie pas qu’ils ne peuvent pas annuler le printemps), cette rétrospective rassemble plus de 400 œuvres, réalisées entre 1955 et 2025. À travers ce parcours chronologique et thématique, le public découvre un artiste libre, attaché à la couleur, au dessin, à l’expérimentation technique et au monde qui l’entoure.

Une rétrospective linéaire, des débuts à aujourd’hui

L’exposition s’ouvre sur des œuvres emblématiques des débuts de la carrière de David Hockney, avant de se concentrer majoritairement sur sa production des vingt-cinq dernières années, réalisée entre 2000 et 2025. Ce choix de scénographie, voulu par l’artiste lui-même, permet de saisir l’évolution de son langage visuel, tout en mettant en lumière ses expérimentations techniques, ses constantes thématiques et la vitalité de son regard sur le monde.

Le visiteur entre ainsi dans l’exposition à travers les œuvres mythiques de l’artiste : ses doubles portraits, ses piscines californiennes, ou encore ses scènes de vie intime. Ces œuvres iconiques, réalisées alors que Hockney s’impose comme figure majeure de la scène artistique internationale, forment le socle de sa notoriété.

La seconde et plus vaste partie de l’exposition est consacrée à ses créations récentes. Installé dans le Yorkshire, puis en Normandie et à Londres, l’artiste puise dans les paysages de son enfance et dans le cycle des saisons. Il explore les possibilités du dessin numérique avec l’iPad, les formats monumentaux et les représentations en série du temps et de la nature. Ses célèbres iPad drawings, réalisés au fil du printemps normand, témoignent d’un plaisir renouvelé de créer et de l’enthousiasme d’un artiste qui, à plus de 85 ans, continue de réinventer sa pratique.

« Cette exposition est particulièrement importante pour moi, car c’est la plus grande que j’aie jamais eue – les onze galeries de la Fondation Louis Vuitton ! Quelques-unes de mes toutes dernières peintures, auxquelles je suis en train de travailler, y seront présentées. Ça va être bien, je crois. » confie David Hockney.

Un artiste à contrecourant, libre et singulier

Né en 1937 à Bradford, dans le nord de l’Angleterre, David Hockney sait dès l’âge de dix ans qu’il veut devenir artiste. À 16 ans, il entre à l’école des Beaux-Arts de Bradford, puis, après son service militaire, poursuit sa formation à la Royal College of Art de Londres, d’où il sort diplômé en 1962. À cette époque, l’expressionnisme abstrait domine le paysage artistique, et ses professeurs l’encouragent à suivre cette voie. Mais Hockney s’y refuse : il revendique une figuration libre, personnelle, peu soucieuse des codes dominants. Ses premières œuvres mêlent personnages schématisés, inscriptions manuscrites et éléments décoratifs : des mises en scène parfois inspirées du théâtre, où rideaux, compositions frontales et atmosphères narratives apparaissent déjà.

Dès ses débuts, Hockney affirme une identité visuelle singulière et refuse de se plier aux tendances du marché de l’art. Il peint ce qui l’inspire profondément : les portraits, les paysages, la lumière. En 1962, il part s’installer à Los Angeles. La ville, avec son climat ensoleillé, sa culture libérée et ses mœurs plus ouvertes que l’Angleterre conservatrice de l’époque, l’attire autant artistiquement que personnellement. L’homosexualité, encore pénalisée au Royaume-Uni jusqu’en 1967, est un sujet tabou qu’Hockney choisit d’aborder à travers son art. En Californie, il peut vivre pleinement son identité et affirmer une esthétique homosexuelle et sensuelle, faite de piscines, de corps masculins, et de scènes d’intimité. Cette liberté californienne marque un tournant décisif dans sa carrière et dans sa peinture, désormais baignée de lumière et de couleurs vives.

Un maître du paysage, de la lumière et de la couleur

Depuis ses débuts, David Hockney accorde une place essentielle à la nature, à la lumière et à la couleur. Ses œuvres des années 1960 et 1970, inspirées des paysages californiens, traduisent sa fascination pour le soleil, les piscines et l’architecture moderniste de Los Angeles. L’une de ses toiles les plus célèbres, A Bigger Splash (1967), synthétise cette esthétique : une piscine turquoise, un plongeon invisible, une maison géométrique en arrière-plan. Par un traitement épuré et une palette éclatante, Hockney invente alors un langage pictural nouveau, où le banal devient iconique.

Mais c’est dans les années 2000, lorsqu’il retourne vivre dans sa région natale du Yorkshire, au nord de l’Angleterre, que cette dimension atteint une ampleur nouvelle. Il y réalise une série de paysages monumentaux, inspirés par le rythme des saisons, les arbres majestueux, les haies en fleurs et les chemins de campagne. Ces œuvres, présentées dans la seconde partie du parcours, montrent toute la force de la nature vue à travers un regard à la fois sensible et curieux.

Hockney joue avec les formats, multiplie les panneaux, déconstruit la perspective classique pour mieux traduire l’expérience du regard et du déplacement. Il ne se contente pas de représenter ce que l’œil perçoit à un instant donné, il veut capturer l’expérience du paysage tel qu’on le vit, en mouvement, en immersion. Des œuvres comme Bigger Trees Near Warter (2007), longue de plus de 12 mètres, témoignent de cette ambition. Loin d’une nature idéalisée, Hockney capte l’énergie visuelle du réel, dans une démarche proche de l’impressionnisme, réinventant la tradition du paysage anglais.

Intimité, portrait et narration

Peintre du paysage, David Hockney est aussi un peintre de l’intime. Tout au long de sa carrière, les portraits occupent une place majeure dans son œuvre. L’artiste aime représenter ses proches : ses amis, sa famille, ses compagnons, accordant une grande place à l’intime, à l’amitié et à l’amour. Réalisés à l’huile, au crayon, à l’aquarelle ou sur iPad, l’artiste représente ses sujets dans une posture souvent figée, presque photographique.

L’exposition présente plusieurs œuvres emblématiques, telles que Mr and Mrs Clark and Percy (1970-71), un double portrait de ses amis, empreint à la fois de tendresse et de distance, ou encore la série de Portraits en 82 séances (2013), réalisée à Los Angeles, où l’on perçoit la diversité des visages qui peuplent sa vie. On y décèle l’influence des maîtres de la Renaissance italienne, comme Piero della Francesca ou Ingres, tout en proposant une lecture très contemporaine des relations humaines.

David Hockney a toujours été passionné par la musique et l’opéra, qu’il a cherché à traduire dans son œuvre picturale. Dès les années 1960, ses toiles intègrent des éléments issus de la scène : rideaux, décors théâtraux, personnages costumés... Il explore également la narration et la littérature à travers des illustrations d’opéras et de poèmes, comme The Rake’s Progress de Stravinsky ou La Flûte enchantée de Mozart, présentés dans l’exposition à travers des dessins, collages et maquettes de décors.

Un artiste en dialogue avec l’histoire de l’art

Tout au long de sa carrière, David Hockney n’a cessé de dialoguer avec les grands maîtres du passé : Ingres, Picasso, Van Gogh, Matisse, ou encore les maîtres chinois. Il reprend leurs codes, les détourne, les réinterprète avec une grande liberté. Son goût pour l’histoire de l’art se manifeste dans plusieurs séries d’œuvres où ses couleurs chatoyantes évoquent l’art fauve, tandis que la déconstruction du paysage fait écho aux explorations cubistes.

Cette réflexion sur les conventions de la représentation se traduit par une remise en question de la perspective linéaire traditionnelle héritée de la Renaissance. En multipliant les points de fuite, Hockney propose un regard plus proche de l’expérience vécue, mouvante et dynamique. Ses photo-collages des années 1980, composés d’innombrables clichés assemblés, incarnent cette quête où le regard circule librement plutôt que de se fixer.

Hockney revisite également des chefs-d’œuvre anciens pour en proposer une lecture contemporaine, comme en témoigne son L’Annonciation 2 d’après Fra Angelico (2021). Dans cette œuvre, il déconstruit la perspective classique en multipliant les points de vue et en traitant l’espace de façon volontairement théâtrale, renouvelant ainsi une icône de la Renaissance.

Un art accessible, joyeux et profondément humain

À travers cette rétrospective, c’est une œuvre résolument optimiste et accessible que met en lumière la Fondation Louis Vuitton. Par ses thèmes (le paysage, l’amitié, le quotidien), par son usage vibrant de la couleur et des formats variés, David Hockney parvient à toucher un public large, tout en créant un lien direct avec le spectateur. À l’instar de Fernand Léger ou de Keith Haring, dont l’art voulait parler au plus grand nombre, Hockney s’inscrit dans une tradition d’un art populaire, sans pour autant être simpliste.

Artiste curieux et innovant, Hockney ne cesse d’explorer de nouveaux outils : polaroïds, photocopieuses, fax, tablettes graphiques, logiciels d’animation. Ces expérimentations techniques nourrissent sa vision d’un monde en constante évolution. Son œuvre récente, qui comprend notamment ses dessins sur iPad et ses vidéos, montre que le temps n’a aucune prise sur son élan créatif. Au contraire, il continue de peindre avec une liberté et une fraîcheur intactes, fidèle à sa conviction profonde : « Ce que j’essaie de faire, c’est de faire partager aux gens quelque chose, parce que l’art, c’est le partage. »

Conclusion

Avec Do remember, they can’t cancel the spring, la Fondation Louis Vuitton propose un parcours riche et inédit à travers l’œuvre de David Hockney. Si quelques œuvres emblématiques de ses débuts jalonnent l’ouverture du parcours, l’exposition se concentre principalement sur sa production des vingt-cinq dernières années. Ce choix de mise en lumière témoigne de la vitalité et de la modernité d’un artiste qui, depuis plus de soixante-dix ans, a su conjuguer audace, maîtrise technique et sensibilité profonde. Entre couleurs éclatantes, innovations techniques et regards portés sur l’intime comme sur le monde, Hockney invite chacun à redécouvrir la puissance de l’art comme expérience partagée, vivante et en perpétuel renouvellement.

Article rédigé par Marie Naudy

 

Conseil en Investissement dans l'Art

En tant que cabinet de gestion de patrimoine, nous accompagnons nos clients dans la construction et la préservation de leur patrimoine. L'art, en tant qu'actif à part entière, offre une opportunité unique de diversification, alliant performance financière et plaisir personnel. Forts de notre expertise, nous aidons nos clients à naviguer dans ce marché fascinant, en veillant à intégrer l'art de manière judicieuse dans une stratégie patrimoniale globale et sur-mesure, pour une gestion durable et alignée avec leurs objectifs financiers et personnels.


Suivant
Suivant

Pierre Soulages. La rencontre, au musée Fabre de Montpellier