Comprendre les cryptomonnaies : épisode 1
Naissance des cryptomonnaies : Le contexte de l’apparition du bitcoin.
En 2008, au beau milieu d’une crise économique mondiale, une mystérieuse personne met en ligne le « livre blanc du Bitcoin » sous le pseudonyme de Satoshi Nakamoto. Il y décrit son travail, qui n’est alors qu’un projet en expliquant : « Je travaille sur un nouveau système d’argent liquide électronique, entièrement pair-à-pair et sans tierce partie de confiance ». Pourquoi a-t-il choisi ce moment ? Voici notre réponse.
Commençons cette explication par une mise en contexte économique. Durant les années 2007 et 2008 a eu lieu la crise des subprimes. Le terme subprime désigne pour les banques un prêt immobilier accordé à des clients risqués. A cette époque, les banques accordaient beaucoup de ces crédits, partant sur le principe que comme les prix de l’immobilier ne cessaient d’augmenter, le profil risqué des clients était compensé par la plus-value qu’ils réaliseraient. Cela fonctionnait relativement bien jusqu’au jour où les prix de l’immobilier changèrent de tendance, entraînant l’effondrement de tout ce système : un cercle vicieux s’est déclenché. Comme les prix baissaient, certains foyers ne pouvaient plus rembourser leur crédit. Leurs biens immobiliers furent alors saisis ce qui provoqua une baisse encore plus accrue de l’immobilier.
Pour les banques, cela signifiait que les prêts qu’ils avaient accordés ne serait pas remboursés. Or, elles avaient titrisé ces crédits, c’est à dire transformé en titre de créance, qu’un investisseur peut acheter ou vendre à tout moment de la même manière qu’une obligation. Les banques y voyaient l’opportunité de reporter le risque adossé aux prêts sur un plus grand nombre d’investisseurs : le risque est donc dilué en cas de défaut. Sauf que le défaut apparu non pas sur un prêt, mais sur une grande quantité : en conséquence directe, les banques enregistrèrent sur la période plus de 500 milliards de dollars de pertes et tout les détenteurs des titres titrisés furent contaminés.
A la suite de la crise des subprimes, la banque américaine Lehman Brother fit faillite et entraîna avec elle la bourse américaine puis, progressivement, toutes les bourses mondiales.
Dans la foulée éclata la crise de la dette publique grecque. Tout ces évènements engendrèrent une prise de conscience sur le système bancaire et fragilisa la relation de confiance établie.
Arrive alors le livre blanc du bitcoin et avec lui l’amorce d’une monnaie décentralisée, c’est-à-dire avec laquelle il est possible de réaliser des transactions sans passer par une banque ni par aucune autre institution. Le principe est simple : traditionnellement, lorsqu’un paiement est réalisé d’une personne A à une personne B, la banque vérifie que A dispose effectivement de l’argent sur son compte avant de valider la transaction. La transaction, en plus d’être payante, prend souvent plusieurs jours. La technologie sous-jacente au Bitcoin fonctionne sans autorité centrale. La vérification de la transaction, au lieu de passer par un tiers de confiance, se fait automatiquement par des milliers d’ordinateurs répartis aux quatre coins du monde. La transaction, en plus d’être hautement sécurisée, est donc réalisée en quelques minutes pour de faibles frais.
Il semble donc que ce mystérieux Satoshi Nakamoto ait attendu une crise économique et une rupture de confiance du système bancaire mondial pour dévoiler son idée, répondant ainsi à toutes les inquiétudes que le contexte soulevait.