Les droits de douane dans la politique commerciale de Donald Trump
Outil de négociation ou barrière protectionniste ?
Les échanges commerciaux internationaux sont souvent rythmés par des accords, des règles douanières et des tensions diplomatiques. Sous la présidence de Donald Trump, les droits de douane sont devenus un levier central de la politique économique américaine, bouleversant les pratiques établies. Présentés comme un outil de défense des intérêts nationaux, ils viennent redéfinir les relations commerciales des États-Unis avec leurs partenaires stratégiques, notamment la Chine, l’Union européenne ou encore le Canada.
Qu’est-ce qu’un droit de douane ?
Le droit de douane est une taxe prélevée sur les marchandises importées dans un pays. Il a pour double fonction de générer des recettes pour l’État et de protéger les industries locales en rendant les produits étrangers plus chers et donc moins compétitifs. En principe, ces droits sont encadrés par des accords multilatéraux, comme ceux de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), mais chaque État conserve une marge de manœuvre pour les adapter à ses priorités économiques.
La doctrine Trump : l’Amérique d’abord
Sous le slogan “America First”, Donald Trump a utilisé les droits de douane non seulement comme mesure protectionniste, mais surtout comme un outil de pression économique. Le président américain a multiplié les hausses tarifaires, en particulier à l’encontre de la Chine, accusée de concurrence déloyale, de vol de propriété intellectuelle et de déséquilibre massif de la balance commerciale.
Entre 2018 et 2020, les États-Unis ont ainsi imposé des droits de douane supplémentaires sur plus de 360 milliards de dollars de produits chinois, entraînant en retour des représailles de Pékin. Ces mesures ont marqué le début de ce que certains ont qualifié de “guerre commerciale”.
Une nouvelle offensive tarifaire
Le 2 avril 2025, Donald Trump a annoncé une nouvelle vague de mesures tarifaires, notamment une taxe de 10 % sur la quasi-totalité des importations américaines, qualifiant cette journée de « Journée de la Libération ». L’objectif affiché : réduire les déficits commerciaux et relocaliser la production. Face à la montée des tensions, une pause de 90 jours a été instaurée pour permettre l’ouverture de négociations. Durant cette trêve, les États-Unis ont maintenu le tarif général de 10 %, mais suspendu temporairement les hausses tarifaires plus élevées pour 57 pays.
À moins de deux mois de l’échéance, fixée au 8 juillet, seuls deux préaccords ont été conclus. Le Royaume-Uni, peu touché par les hausses tarifaires, a conclu un accord sous l’impulsion du Premier ministre Keir Starmer. L’Union européenne, mais également d’autres pays comme le Japon, l’Inde ou le Vietnam, sont en cours de négociation, mais aucun accord formel n'a été annoncé à ce jour.
Un bras de fer économique entre la Chine et les Etats-Unis
Les tensions sino-américaines restent au cœur du conflit commercial. En avril 2025, les surtaxes américaines sur les importations chinoises ont atteint un sommet historique de 145 %, en plus des droits préexistants. Pékin a répliqué par l’imposition de droits de douane de 125 % sur les produits américains. Le commerce bilatéral entre les deux puissances était alors quasiment gelé.
Un tournant est toutefois intervenu le 14 mai : les États-Unis ont réduit les surtaxes à 30 % sur les produits chinois, tandis que la Chine a abaissé ses droits à 10 % sur les importations américaines. Ces gestes d’apaisement marquent une volonté de reprise des échanges, bien que les tensions persistent.
Conclusion
En remettant les droits de douane au centre de sa politique économique, Donald Trump poursuit une stratégie offensive aux effets contrastés. Certaines industries peuvent en tirer un bénéfice à court terme, mais les hausses tarifaires alourdissent les coûts pour les consommateurs, fragilisent les chaînes d’approvisionnement et compliquent les relations commerciales. La perspective d’un retour brutal des surtaxes en juillet paraît peu réaliste. Les accords commerciaux bilatéraux prennent des années à se conclure, et Washington n’a aucun intérêt à voir ses partenaires se détourner durablement.